L'avoir belle, Louis Bonalumi, 1948 - roman français
L'avoir belle, Louis Bonalumi - roman - Né à Monaco, le 18 mai 1923 - Simon baissa les yeux, à demi aveuglé par les gouttes qui perlaient à ses sourcils. Son visage, crispé comme un poing, se détendit. Transis, l'échine courbée, s'abritant sous des morceaux de sacs, enroulés dans les plis lourds des couvertures, la cinquantaine d'hommes entassés dans chaque camion tressautaient sur les ornières et oscillaient avec ensemble dans les virages. Le jour se plaquait en esplanades chavirées et ruisselantes le long des immenses murailles de la gorge, de plus en plus sombres vers les crêtes, là où lentement virantes sur la grisaille, des broussailles raidies griffaient le vide. Margouillis obsédant et monotone, les roues des deux camions s'imprimaient pesamment dans la caillasse fangeuse et le bruit broyé des moteurs se prolongeait, fondu dans le chuintement de la pluie et du torrent qui défilait à toute allure en contre-bas. Des souches noires cavalaient dans le bouillonnement ocreux. L'air glacé qui mordait les joues et les oreilles avait une odeur et un goût de fumée. Simon passa sa langue sur ses lèvres, s'arrêtant au hérissement dru des poils. Il avait roulé sa couverture et la gardait sous ses fesses. La toile grise de son pantalon, noircie d'eau, se plaquait le long de ses jambes repliées, moulant ses genoux qui touchaient presque son blouson de cuir, crasseux, luisant, écaillé aux épaules. Ses pieds... Tonton était assis dessus. Simon sentait, à travers le cuir durci de ses godasses, les os pointus de Tonton. éditions du Rocher, Monaco, 1948. #roman épuisés, #livres rares, #camps de travail.
L'avoir belle, Louis Bonalumi - roman - Né à Monaco, le 18 mai 1923 - Simon baissa les yeux, à demi aveuglé par les gouttes qui perlaient à ses sourcils. Son visage, crispé comme un poing, se détendit. Transis, l'échine courbée, s'abritant sous des morceaux de sacs, enroulés dans les plis lourds des couvertures, la cinquantaine d'hommes entassés dans chaque camion tressautaient sur les ornières et oscillaient avec ensemble dans les virages. Le jour se plaquait en esplanades chavirées et ruisselantes le long des immenses murailles de la gorge, de plus en plus sombres vers les crêtes, là où lentement virantes sur la grisaille, des broussailles raidies griffaient le vide. Margouillis obsédant et monotone, les roues des deux camions s'imprimaient pesamment dans la caillasse fangeuse et le bruit broyé des moteurs se prolongeait, fondu dans le chuintement de la pluie et du torrent qui défilait à toute allure en contre-bas. Des souches noires cavalaient dans le bouillonnement ocreux. L'air glacé qui mordait les joues et les oreilles avait une odeur et un goût de fumée. Simon passa sa langue sur ses lèvres, s'arrêtant au hérissement dru des poils. Il avait roulé sa couverture et la gardait sous ses fesses. La toile grise de son pantalon, noircie d'eau, se plaquait le long de ses jambes repliées, moulant ses genoux qui touchaient presque son blouson de cuir, crasseux, luisant, écaillé aux épaules. Ses pieds... Tonton était assis dessus. Simon sentait, à travers le cuir durci de ses godasses, les os pointus de Tonton.
éditions du Rocher, Monaco, 1948. #roman épuisés, #livres rares, #camps de travail.
Description : livre broché cousu, couverture souple, 187 pages. format 18,5 cm x 12 cm. état correct, des rousseurs sur certaines pages.