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L'énigme du pastel, Jean d'Agraives, 1930 - art, peinture, mystère, bibliothèque verte, couverture verte,

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L'énigme du pastel, Jean d'Agraives  - Collection Bibliothèque Verte Hachette, nouvelle bibliothèque d'Education et de Récréation -  Troisième attaché adjoint à la "conservation" du musée du Louvre, Pierre Coquebrune, ce samedi matin, parcourait la grande galerie, dite du Bord-de-l'Eau, celle qui, au premier étage s'étend sur toute la longueur de l'ancien palais des Rois, parallèlement à la Seine. Comme il cheminait sur le parquet glissant, sous la voûte aux vitres dépolies, entre deux rangées de chefs-d'œuvre inestimables se prolongeant presque à perte de vue, il lui arrivait de ralentir le pas devant quelque toile particulièrement aimée. (...) Coquebrune reprit sa promenade, encore coupée de-ci de-là de brèves stations pour un coup d'œil malicieux au travail de quelque copiste - homme ou femme - installé devant la toile d'un maître et la "massacrant" le plus souvent sans pitié ni respect, quoique convaincu de lui rendre hommage. (...) Il se souvenait d'avoir vu, la semaine précédente dans les pièces formant cul-de-sac, après la collection Chauchard, une copie des plus remarquables d'un des La Tour de Saint-Quentin et il souhait de la revoir. (...)  Or, le copiste remarqué la semaine précédente était encore à l'ouvrage non loin du mur formant le fond de la petite salle. Il avait pris pour modèle le portrait inachevé d'un inconnu aux traits expressifs, aux beaux yeux bruns, au masque énergique, mâle et puissant dans son expression de jeunesse robuste, sous sa coiffure à catogan... et qui portait le n°50 du catalogue. (...)   "Mes compliments, monsieur, fit Coquebrune. Vous atteignez à la maîtrise. Le Quentinois lui-même eut hésité entre votre peinture et la sienne." éditions Hachette, 1930.  #art, #peinture, #copiste, #mystère, #littérature jeunesse,  #bibliothèque verte.

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L'énigme du pastel, Jean d'Agraives  - Collection Bibliothèque Verte Hachette, nouvelle bibliothèque d'Education et de Récréation - 

Troisième attaché adjoint à la "conservation" du musée du Louvre, Pierre Coquebrune, ce samedi matin, parcourait la grande galerie, dite du Bord-de-l'Eau, celle qui, au premier étage s'étend sur toute la longueur de l'ancien palais des Rois, parallèlement à la Seine.

Comme il cheminait sur le parquet glissant, sous la voûte aux vitres dépolies, entre deux rangées de chefs-d'œuvre inestimables se prolongeant presque à perte de vue, il lui arrivait de ralentir le pas devant quelque toile particulièrement aimée. 

Il s'arrêta un instant devant l'Homme au gant, du Titien, le grand coloriste vénitien, dont notre François Ier ramassa un jour le pinceau, inclinant ainsi le monarque devant l'artiste.

Ce tableau intéressait particulièrement Coquebrune. On lui avait dit mainte fois qu'il ressemblait au modèle, à ce jeune patricien génois, Girolamo Adorno, mort avant l'achèvement de son portrait.

Peu épris de soi-même, il se persuadait difficilement qu'il put monter, lui aussi, ces traits pars, cette grâce élégante et juvénile sous les cheveux châtains, ce regard passionné et méditatif à la fois, cette grâce simple et discrète. Au plus s'accordait-il l'énergie que l'on attribue généralement à l'aristocratique politicien de Gênes dans la poursuite de ses desseins. 

Coquebrune reprit sa promenade, encore coupée de-ci de-là de brèves stations pour un coup d'œil malicieux au travail de quelque copiste - homme ou femme - installé devant la toile d'un maître et la "massacrant" le plus souvent sans pitié ni respect, quoique convaincu de lui rendre hommage. (...) Oui, vraiment, à l'heure des copistes, les galeries du Louvre foisonnaient de silhouettes "impayables". Si les copies parfois défiaient le bon sens et le goût, leurs auteurs mêmes eussent offert souvent des modèles bien pittoresques à d'autres peintres épris de types singuliers et de piquantes scènes de mœurs. 

Coquebrune traversa un de ces pavillons à quatre double colonnes qui coupent les galeries entravées, déboucha dans la salle dite des Van Dick, franchit sans s'y arrêter autrement le salon de grande allure où sont exposés les Rubens et pénétra dans des cabinets réservés aux collections Chauchard et Schlitchting. Il savait où il allait. 

Il se souvenait d'avoir vu, la semaine précédente dans les pièces formant cul-de-sac, après la collection Chauchard, une copie des plus remarquables d'un des La Tour de Saint-Quentin et il souhait de la revoir. L'accès était encombré par l'attirail d'un copiste, espèce de rapin clownesque, à moustache et barbiche trop noires, qui, fort affairé, barbouillait d'après un Corot délicat représentant un chevrier jouant de la flûte au crépuscule. Coquebrune franchit le barrage que constituaient le chevalet, la toile, les étuis et la boîte et pénétra religieusement dans le sanctuaire des La Tour. 

Aussitôt il fut empoigné par le charme de cette peinture dont la "vie" est inégalable. Ces visages du XVIIIe siècle, bien qu'ils ne soient accompagnés d'aucun accessoire rappelant le décor qui les entourait, et que seules les coiffures situent nettement dans l'écoulement des âges, évoquent leurs temps avec une grâce, une force, une telle précision qu'on se croit tout soudain porté au milieu du monde pathétique, qui, presque inconsciemment alors, préparait la Révolution. Quelles idées fermentaient déjà derrière ces fronts de gens notoires, illustres même ou inconnues, dont plus d'un devait peu après rouler durement dans la sciure sous la hache de la Terreur.

Toutes ces têtes dont les regards si expressifs le suivaient, lui semblaient bien plutôt pétries par les mains infaillibles d'un dieu qu'obtenues par le frottement sur un simple papier à chandelles de quelques bâtonnets de craie colorée. 

Encore une fois, la vie humaine avait été créée là, de la poussière... de la poussière magique des pastels. 

Il se répéta ce mot du peintre de Louis XIV, de Mme de Pompadour et du maréchal de Saxe :"Ils croient que je ne saisis que les traits de leur visage, mais je descends au fond d'eux-mêmes et je les emporte tout entiers..." 

Or, le copiste remarqué la semaine précédente était encore à l'ouvrage non loin du mur formant le fond de la petite salle. Il avait pris pour modèle le portrait inachevé d'un inconnu aux traits expressifs, aux beaux yeux bruns, au masque énergique, mâle et puissant dans son expression de jeunesse robuste, sous sa coiffure à catogan... et qui portait le n°50 du catalogue. 

Sans conteste, une telle copie constituait un morceau de premier ordre ; elle valait presque le magnifique original. 

Le conservateur-adjoint se plaça près du chevalet et, silencieusement, suivit avec intérêt les mouvements du peintre, qui maniait ses pastels avec une habileté, une légèrement de main peu communes. 

Fidèlement, il exécutait chaque trait tel, bien tel, que La Tour l'avait lui-même tracé. Il identifiait ses nuances et choisissait ses "crayons" avec une prestesse et une sûreté surprenantes. 

Nerveux et sans doute gêné par cette inquisition, si discrète qu'elle fût, l'artiste cassa fébrilement sa craie.

Il leva sur le fâcheux deux grands yeux d'or, un pu clignotants de hibou, embusqués derrière de grosses lunettes rondes. (...) "Mes compliments, monsieur, fit Coquebrune. Vous atteignez à la maîtrise. Le Quentinois lui-même eut hésité entre votre peinture et la sienne." 

éditions Hachette, 1930.  #art, #peinture, #copiste, #mystère, #littérature jeunesse,  #bibliothèque verte.

Description : livre relié, couverture cartonnée, 245 pages. format 17 cm x 12 cm. bon état.

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