Le rocher du bonheur, A.M. Poinsot, 1900 - Bretagne, Dinan, aventures jeunesse
Le rocher du bonheur, A.M. Poinsot - nombreuses illustrations - "Bertrand Baudremont errait, cet après-midi-là, dans le jardin anglais de Dinan-la-Bretonne. Il paraissait soucieux. Un pli vertical barrait son beau front de vingt-neuf ans, et ses doigts, souvent, dans un geste coutumier aux minutes d'inquiétude, se portaient à ses moustaches qu'ils tiraient assez violemment, comme pour les rendre responsables et les punir de ses ennuis. Machinal, il se dirigea vers la tour Sainte-Catherine dont le sommet, au niveau de la terrasse, la prolonge en un grand cercle sablé formant point de vue, et il laissa par habitude ses regards se promener à l'aventure sur le panorama magnifique. (...) Bertrand Baudremont, hélas! ne voulait ni voir ni rêver à cette heure-ci, bien qu'il eût des yeux amoureux du spectacle des choses et un esprit toujours prêt à la réflexion, bien qu'il aimât tant venir à cette place contempler le réveil de la ville ou la chute du jour. (...) Mais comme il se sentait seul! Rue Néel, il descendit un petit chemin en lacets longeant les fortifications, se retrouva au pie du viaduc, prit la Haute-Voie, passa devant le vieux logis au portail sculpté nommé l'Auberge-du-Pélican, gentilhommière donnée par la marquise d'Acigné à des religieux, et devenue maison de beuverie, après avoir été maison de prière; puis il se dirigea vers la grand Poste où il avait affaire, et de la rue du Château gagna la place où se dresse, équestre et puissante, la statue de son homonyme Bertrand - Dugesclin." éditions Société Française d'Imprimerie et de Librairie, Paris (sans date, vers 1900) #Bretagne, #aventures jeunesse, #roman d'aventure.
Le rocher du bonheur, A.M. Poinsot - nombreuses illustrations - "Bertrand Baudremont errait, cet après-midi-là, dans le jardin anglais de Dinan-la-Bretonne. Il paraissait soucieux. Un pli vertical barrait son beau front de vingt-neuf ans, et ses doigts, souvent, dans un geste coutumier aux minutes d'inquiétude, se portaient à ses moustaches qu'ils tiraient assez violemment, comme pour les rendre responsables et les punir de ses ennuis. Machinal, il se dirigea vers la tour Sainte-Catherine dont le sommet, au niveau de la terrasse, la prolonge en un grand cercle sablé formant point de vue, et il laissa par habitude ses regards se promener à l'aventure sur le panorama magnifique.
En face, la vallée de la Rance, que le soir commençait à bleuir. La rivière s'en allait vers les capricieux élargissements de l'estuaire proche; pour l'instant, elle serpentait encore le long des praires de Léhon, barrée de l'ombre droite du viaduc, remuée à la calle, dépassant le vieux pont de pierre et engendrant la jolie perspective qu'offre également le port de Morlaix, cette sœur de Dinan. Similitudes curieuses. Morlaix et Dinan ont leur viaduc, celui-ci de deux arches de cent vingt pieds de haut, celui-là de deux étages enjambant à soixante-quatre mètres des bas-fonds les collines étreignant la ville. Et là, comme ici, l'addition du travail humain à l'œuvre de la nature, ces quais contenant l'onde passante, ces maisons en bordure, vieilles à Dinan, jeunes à Morlaix, ces sommets verdoyants dominant les toits, et le paysage encastré dans les courbures des pierres formant ces deux gigantesques ponts, tout cela est ravissant et digne de retenir les prunelles de l'artiste et la pensée du rêveur.
Bertrand Baudremont, hélas! ne voulait ni voir ni rêver à cette heure-ci, bien qu'il eût des yeux amoureux du spectacle des choses et un esprit toujours prêt à la réflexion, bien qu'il aimât tant venir à cette place contempler le réveil de la ville ou la chute du jour. Non, il ne recevait présentement aucune impression de plaisir. Il était trop enveloppé, trop pénétré de tristesse, de la grande tristesse des deuils. Orphelin de mère depuis dix ans, il venait, le mois passé, de perdre son père, emporté en huit jours par une pneumonie grippale. (...)
Mais comme il se sentait seul! Rue Néel, il descendit un petit chemin en lacets longeant les fortifications, se retrouva au pie du viaduc, prit la Haute-Voie, passa devant le vieux logis au portail sculpté nommé l'Auberge-du-Pélican, gentilhommière donnée par la marquise d'Acigné à des religieux, et devenue maison de beuverie, après avoir été maison de prière; puis il se dirigea vers la grand Poste où il avait affaire, et de la rue du Château gagna la place où se dresse, équestre et puissante, la statue de son homonyme Bertrand - Dugesclin."
éditions Société Française d'Imprimerie et de Librairie, Paris (sans date, vers 1900) #Bretagne, #aventures jeunesse, #roman d'aventure.
Description : livre relié, couverture cartonnée, 220 pages, format 27 cm x 17,5 cm. bon état intérieur. couverture abimée, dos de couverture déchiré.