Sa Majesté, L'indienne de Blois, de Pierre Dominique - La Cour d'Assises, de René Benjamin, 1932 - roman

Sa Majesté, suivi de L'Indienne de Blois, Pierre Dominique - (Pierre Dominique Lucchini, 1889-1973) - Collection Le Livre de Demain, édition regroupant trois romans :

L'Indienne de Blois, Pierre Dominique, 1932 - illustré de 31 bois originaux de Deslignères - 

La Cour d'Assises, ses pompes et ses oeuvres, de René Benjamin - illustré de 25 bois originaux de Roger Grillon - 

Sa Majesté, Pierre Dominique : Illustré de 29 bois originaux de Jean Lébédeff - Tu dis? Répète un peu pour que je me cloue ton nom dans la cervelle... - Lespinouse... Chevalier de Lespinouse... - Bon, bon, et moi... - Je sais.. Signor Mezzetino. - Voilà, Mezzetino. Le meilleur valet de comédie qui soit dans la péninsule.

Et les deux hommes se mirent à rire en se regardant sous le nez l'un l'autre, comme deux acteurs ventre-creux à la ville, qui s'étonnent de leurs somptueux costumes de prince de théâtre. Ils étaient d'ailleurs aussi dissemblables que possible; tous deux jeunes et bruns, mais à cela près, c'était le jour et la nuit, l'eau et le feu, chien et chat, femme et silence.

Lespinouse plus grand, était sec, tout en os, muscles et nerfs (pas une once de graisse), vif, prompt, bondissant et pétant du feu. Bien râblé d'ailleurs et paraissant aussi vigoureux qu'agile, il était pourvu d'un diable de nez un peu long et qu'un œil ennemi aurait pu voir tordu, d'une diablesse de bouche un peu grande, et puis le sourcil un pu touffu, les yeux un peu enfoncés, le teint un peu enfumé, enfin, quoi! porteur d'un visage qui, sans être laid, n'attirait pas le baiser. D'ailleurs, il en accentuait encore le caractère, primitif et rocailleux, par on ne savait quel air matamore et pourfendeur dont il grattait les murailles, comme d'une épée; Il laissait couler entre des cils assez longs un regard qui pouvait passer pour le plus beau filet du monde à prendre le bétail féminin, bétail farouche, capricieux, changeant s'il en est, et le plus difficile de toute la création à rendre domestique et à garder. Deux bijoux, ces yeux-là... Lespinouse ne pouvait malheureusement les vendre aux juifs et se consolait en pensant que les femmes lui prêtaient parfois quelque argent dessus.

Mezzetino avait, comme il sied, les épaules arrondies pour bien recevoir les coups, la taille courte, les jambes un peu torses, encore qu'il courût vite et bien, surtout quand il avait les chiens ou les sergents à ses chausses, et le derrière un peu charnu et rembourré, même dans l'extrême misère afin que les coups de pie fussent bonne blague et amusement pour le derrière comme pour le pied. Ce qui n'empêchait pas le comédien de savoir, le cas échéant, manier lui aussi la batte. Sur ce corps là, fait pour le service et la révérence, une tête que la comédie avait retouchée, déformée, ridée, plissée et replissée, avec de petits yeux mobiles, une grande oreille en forme de plat à barbe, un nez spirituel et bouffon qui prenait le vent et appelait les nasardes comme le derrière de l'âne les mouches. (...)

Tous deux assez mal vêtus. Le malheur des temps. (...)

Pour l'heure, ils se trouvaient à Livourne sans le sou, ne sachant trop s'ils entreraient au service de l'Empire, du Pape ou bien de l'infant Don Carols qui venait de ceindre la couronne de Naples. Comme ce que l'on voudrait d'ailleurs, pourvu que ce fût rôle d'épée pour l'un, de cabinet pour l'autre. Seulement ils auraient préféré entrer au service des vainqueurs. pourquoi? Par goût de la victoire, à qui ils trouvaient un air de sœur. Et aussi par besoin de butin. Quel serait donc le gagnant en cette année 1736? Empire ou Espagne? 

éditions Arthème Fayard et Cie, 1932. #roman, 

Description : livre relié, couverture cartonnée, 393 pages, format 23,5 cm x 18 cm. bon état. petite usure de couverture. Le dos de couverture est un peu fendillé.