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Les forbans de l'Empereur, Pierre Mélon, 1944 - histoire maritime

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Les forbans de l'Empereur, Pierre Mélon - "Couchée sur le flanc, la coque crevée, le Cléopâtre talonnait dur à chaque lame sur les hauts fonds où l'avait jetée le coup de vent. Sous le ciel bas, les nuées lourdes couraient en sombre file, l'horizon de mer tout entier était d'un noir d'encre fondu dans la fumée des embruns et les rafales de pluies, et seules les crêtes blanches des vagues et la large plaque d'écume qui battait le brick naufragé mettaient une clarté sinistre dans cette fin de jour de novembre, où le vent rageur hurlait sans pitié dans le gréement rompu du navire. A l'arrière, un petit groupe de marins et de passagers, se serrait sous l'abri incertain d'un reste de pavois, malheureux couverts d'eau au passage de chaque crête, qui s'obstinaient sans grand espoir à prolonger leur agonie. Chassée sur les bancs par l'ouragan d'automne, le Cléopâtre avait fait côte devant Calais et se démolissait peu à peu, chaque vague arrachant quelques débris de l'épave ; et dans quelques instants, ils le sentaient tous, le brick allait s'ouvrir en deux sous un dernier choc et les faire descendre ensemble dans la grande tombe. Cramponnés à des restes de manœuvres, quelques-uns même attachés au tronçon des mâts et de la roue du gouvernail, ils avaient encore la force de se crier, de bouche à oreille, des mots sans suite, au milieu du fracas de la tempête. - éditions Sorlot, 1944#roman maritime, #roman d'aventure, #marins

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Les forbans de l'Empereur, Pierre Mélon - Collection L'Histoire vivante - "Couchée sur le flanc, la coque crevée, le Cléopâtre talonnait dur à chaque lame sur les hauts fonds où l'avait jetée le coup de vent. Sous le ciel bas, les nuées lourdes couraient en sombre file, l'horizon de mer tout entier était d'un noir d'encre fondu dans la fumée des embruns et les rafales de pluies, et seules les crêtes blanches des vagues et la large plaque d'écume qui battait le brick naufragé mettaient une clarté sinistre dans cette fin de jour de novembre, où le vent rageur hurlait sans pitié dans le gréement rompu du navire.

A l'arrière, un petit groupe de marins et de passagers, se serrait sous l'abri incertain d'un reste de pavois, malheureux couverts d'eau au passage de chaque crête, qui s'obstinaient sans grand espoir à prolonger leur agonie. Chassée sur les bancs par l'ouragan d'automne, le Cléopâtre avait fait côte devant Calais et se démolissait peu à peu, chaque vague arrachant quelques débris de l'épave ; et dans quelques instants, ils le sentaient tous, le brick allait s'ouvrir en deux sous un dernier choc et les faire descendre ensemble dans la grande tombe. Cramponnés à des restes de manœuvres, quelques-uns même attachés au tronçon des mâts et de la roue du gouvernail, ils avaient encore la force de se crier, de bouche à oreille, des mots sans suite, au milieu du fracas de la tempête.

- Demain, dit un vieil homme à son voisin pendant une accalmie, on nous retrouvera sur la grève, si la mer rend les corps.

L'autre acquiesça, et tourna la tête pour répondre, mais l'ouragan qui redoublait lui lança à la face une telle mitraille de grêle et d'embruns qu'il ferma les yeux et la bouche sans pouvoir rien dire. Le soir tombait, la mer semblait encore augmenter en furie, comme si elle eût eu à cœur de profiter des embruns pour achever son œuvre de mort, et seul parmi la tempête un grondement plus grave se faisait entendre au large par intervalles :

- Le canon ! fit encore celui qui avait déjà parlé et qu'à son costume on reconnaissait pour un homme de qualité. Ils nous appellent, mais ils n'auront garde d'approcher. C'est bien la fin."

éditions Sorlot, 1944. #roman maritime, #roman d'aventure, #marins

Description : livre relié, couverture aux plats cartonnés dominotés, dos toilé, 241 pages. format 18 cm x 12 cm. état correct mais quelques rousseurs et taches d'acidité. Ancien livre de bibliothèque avec cachet.

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