Les croix de bois, Roland Dorgelès, 1924 - guerre 1914/1918, chef-d'œuvre, Poilus dans les tranchées
Les croix de bois, Roland Dorgelès, - roman - "Les fleurs, à cette époque de l'année, étaient déjà rares ; pourtant on en avait trouvé pour décorer tous les fusils du renfort et la clique en tête, entre deux haies muettes de curieux, le bataillon, fleuri comme un grand cimetière, avait traversé la ville à la débandade. Avec des chants, des larmes, des rires, des querelles d'ivrognes, des adieux déchirants, ils s'étaient embaqués. Ils avaient roulé toute la nuit, avaient mangé leurs sardines et vidé les bidons à la lueur d'une misérable bougie, puis, las de brailler, ils s'étaient endormis, tassés les uns contre les autres, tête sur épaule, jambes mêlées. Le jour les avait réveillés. Penchés aux portières, ils cherchèrent dans les villages, d'où montaient les fumées du petit matin, les traces des derniers combats. On se hélait de wagon à wagon. - Tu parles d'une guerre, même pas un clocher de démoli Puis, les maisons ouvrirent les yeux, les chemins s'animèrent, et retrouvant de la voix pour hurler des galanteries, ils jetèrent leurs fleurs fanées aux femmes qui attendaient, sur le môle des gares, le retour improbable de leurs maris partis. Aux haltes, ils se vidaient et faisaient le plein des bidons. Et vers dix heures, ils débarquaient enfin à Domans, hébétés et moulus. Après une pause d'une heure pour la soupe, il s'en allèrent par la route, - sans clique, sans fleurs, sans mouchoirs agités, - et arrivèrent au village où notre régiment était au repos, tout près des lignes." éditions Albin Michel 1934. #première guerre mondiale, 14/18, Poilus, tranchées guerre 14, vie quotidienne Poilus, soldats 1914/18, chef d'œuvre de la littérature, horreur de la guerre, courageux soldats,
Les croix de bois, Roland Dorgelès, - roman - "Les fleurs, à cette époque de l'année, étaient déjà rares ; pourtant on en avait trouvé pour décorer tous les fusils du renfort et la clique en tête, entre deux haies muettes de curieux, le bataillon, fleuri comme un grand cimetière, avait traversé la ville à la débandade. Avec des chants, des larmes, des rires, des querelles d'ivrognes, des adieux déchirants, ils s'étaient embaqués. Ils avaient roulé toute la nuit, avaient mangé leurs sardines et vidé les bidons à la lueur d'une misérable bougie, puis, las de brailler, ils s'étaient endormis, tassés les uns contre les autres, tête sur épaule, jambes mêlées. Le jour les avait réveillés. Penchés aux portières, ils cherchèrent dans les villages, d'où montaient les fumées du petit matin, les traces des derniers combats. On se hélait de wagon à wagon. - Tu parles d'une guerre, même pas un clocher de démoli Puis, les maisons ouvrirent les yeux, les chemins s'animèrent, et retrouvant de la voix pour hurler des galanteries, ils jetèrent leurs fleurs fanées aux femmes qui attendaient, sur le môle des gares, le retour improbable de leurs maris partis. Aux haltes, ils se vidaient et faisaient le plein des bidons. Et vers dix heures, ils débarquaient enfin à Domans, hébétés et moulus. Après une pause d'une heure pour la soupe, il s'en allèrent par la route, - sans clique, sans fleurs, sans mouchoirs agités, - et arrivèrent au village où notre régiment était au repos, tout près des lignes."
Les Croix de bois, chef-d’œuvre de Roland Dorgelès, engagé volontaire, est un témoignage exceptionnel sur la Première Guerre mondiale. Avec un réalisme parfois terrible mais toujours d’une généreuse humanité, la vie des tranchées nous est décrite dans toute son horreur et aussi sa bouffonnerie, son quotidien et ses moments d’exception.
éditions Albin Michel 1934. #première guerre mondiale, 14/18, Poilus, tranchées guerre 14, vie quotidienne Poilus, soldats 1914/18, chef d'œuvre de la littérature, horreur de la guerre, courageux soldats,
Description : livre broché cousu, couverture souple, 377 pages, format 19 cm x 12 cm. bon état.
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