La mort du tigre, Reginald Campbell, 1948 - animaux sauvages, fauves, jungle, Indochine, Bibliothèque Verte, couverture verte

La mort du tigre, Reginald Campbell, le grand romancier de la jungle  - roman traduit de l'anglais par L. Chaulin - illustrations de Mixi - Collection Bibliothèque Verte -

"Apparition de la tigresse - Je me réveillai en sursaut et me dressai sur mon séant dans mon étroit lit de camp. Au-delà de l'ogive sombre de ma tente, je voyais la clairière faiblement éclairée par les pâles rayons de la lune et, à gauche, l'abri en bambou que j'avais construit pour mes deux poneys. Contrastant avec la blancheur du terrain dénudé, la forêt qui l'entourait semblait aussi noire que du goudron.

Je tendis l'oreille... Un profond silence régnait. Pourquoi donc m'étais-je réveillé si brusquement ? Pourquoi mon cœur battait-il si vite ? Je ne voyais rien, je n'entendais rien. Cependant je savais que l'épouvante venait d'entrer dans la clairière.

Mon étui à fusil était quelque part sur le sol de ma tente. Avant de pouvoir tirer, il me faudrait sortir de mon lit, allumer une lanterne-tempête, déboucler mon étui, monter mon fusil, trouver mes cartouches à balle et charger mon arme. Ma situation était désespérée : avant que j'eusse pu faire tout cela, l'événement se serait produit. 

Je glissai furtivement ma main droite sous mon oreiller et je sentis le froid réconfortant de mon revolver. De ma main gauche, je dégageai avec précaution ma moustiquaire que j'avais repliée sous mon matelas ; après l'avoir entrouverte je me levai et restai debout à côté de mon lit, attendant avec mon revolver chargé, sans savoir toutefois ce que j'attendais. 

Alors Elle apparut. Elle s'avança d'une allure souple et silencieuse comme si elle glissait, et s'arrêta juste au milieu de l'espace découvert qui se trouvait devant ma tente. Elle paraissait beaucoup plus foncée que je ne l'imaginais, car sa livrée fauve ne captait pas les rayons féériques de la lune, et ses zébrures ressemblaient à des taches de sang. Elle tourna la tête ; la férocité implacable de sa face arrondie me coupa la respiration. Je levai mon revolver. 

Non, décidément, je ne devais la la viser ; ce serait une folie. A moins de tirer à bout portant, je ne pouvais que la blesser ; or, rien n'est plus terrible qu'une tigresse blessée. Mais j'avais besoin d'entendre du bruit et un coup de revolver briserait le silence terrifiant qui recouvrait le monde comme d'un drap mortuaire. 

J'étais en train de presser sur la détente, lorsque la tigresse, faisant demi-tour, bondit vers la lisière de la jungle avec un formidable grondement de colère, ressemblant au grincement d'une scie sur le métal. Toute la jungle parut trembler. Un instant après, l'animal était de retour au centre de la clairière. 

Je compris le motif qui l'avait fait agir. Elle était inquiète. Des ennemis invisibles pouvaient être cachés dans l'intention de la détourner de sa proie et elle les contraignait au respect par pure méchanceté. 

Baignée par les rayons de la lune, elle était là comme une vision d'épouvante, les muscles tendus, prête à bondir de nouveau." 

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Description : livre relié, couverture cartonnée, 253 pages. format 17 cm x 12 cm. état correct, petites taches rousses en marge de deux pages. taches sur la couverture.