Vocabulaire du livre usagé
Les livres mis en vente dans notre librairie en ligne sont tous des livres d’occasion. Leur état de conservation est variable, selon leur âge et les différentes manipulations.
Pour mieux vous aider à vous informer, avant de concrétiser votre achat, vous trouverez ci-dessous quelques précisions linguistiques utilisées par les bibliothécaires pour décrire l’état du livre d’occasion.
Sommaire : description globale du livre d’occasion – Les mentions postérieures à l’édition – L’usure de la couverture – La déformation du papier - Les défauts d’assemblage des cahiers – Les tâches du papier.
1. Description globale du livre d’occasion
Il est appelé « comme neuf » lorsque le livre est dans un état parfait, qu’il n’a probablement pas été feuilleté, alors qu’il a été entreposé pendant des années.
Le livre est dit en très bon état lorsqu’il ne présente que quelques signes d’usure.
Il est dit en bon état, lorsque le livre a toutes ses pages et qu’il comporte quelques défauts.
L’état acceptable signifie que tout le texte et les illustrations sont présents dans l’exemplaire usé, mais qu’il peut manquer une page de garde, ou que la reliure ou la jaquette sont endommagées.
L’état d’usage signifie qu’il peut manquer des illustrations, (ces manquements seront signalés dans la description), ou que le livre est peut-être sali, tâché, la reliure peut avoir des manques de jointures, etc…
Bon pour relier : l’intérieur est sain, mais la reliure ou le brochage est en mauvais état.
Livre soutenu : le dos a été changé et la jointure des cahiers a été raccommodée.
Exemplaire de travail : le livre est très endommagé. Il est utile en tant que documentation.
2. Les mentions postérieures à l’édition
Les Armoiries étaient la marque héraldique de possession frappée sur le premier plat du livre.
Sur le contre-plat recto était parfois collée une vignette appelée Ex-libris où le nom du propriétaire figurait, à la main ou au tampon. Aujourd’hui, cet Ex-libris signifie toute marque de propriété d’un livre, sur le contre-plat, la page de garde ou la page de titre.
S’il y a une inscription manuscrite stipulant que l’ouvrage a été offert par une personne, on appelle cette mention Ex-dono.
La dédicace manuscrite est l’hommage de l’auteur à un individu, avec son autographe.
Les autres mentions à l’intérieur du livre, annotations du propriétaire du livre, surlignages, contribuent à la détérioration de l’état de l’ouvrage.
Cédé par une bibliothèque : cela signifie que le livre a appartenu à une bibliothèque publique. Il en reste le tampon, une étiquette autocollante. Dans la description du livre, on spécifiera « exemplaire bibliothèque ».
3. L’usure de la couverture
Insolé ou brûlé : la lumière et le soleil ont décoloré le dos ou les plats de couverture.
Ombre : lorsqu’une page du livre ou de sa couverture a été réparée avec un ruban adhésif, et en cas de disparition de celui-ci, une trace, appelée ombre, est laissée sur le papier, due à une réaction chimique entre le scotch et la feuille.
Frotté : les coins, le dos ou les plats peuvent être dits « frottés » à la suite de multiples rangements et de frottements.
Emoussé : au lieu des coins aigus d’origine, la reliure peut avoir les coins émoussés, suite aux multiples frottements, laissant apparaître le cartonnage sous la couvrure.
Epidermé : le cuir a des épidermures lorsqu’il est usé et a perdu sa couche supérieure.
Ecorné : c’est le terme employé lorsque des petits morceaux de papier sont manquants sur la couverture ou la jaquette.
Couverture cornée : les coins de la couverture sont pliées vers l’intérieur ou l’extérieur. Ce phénomène, s’il n’a pas été causé par de mauvaises et multiples manipulations, peut être le résultat d’une variation d’humidité qui a agi sur l’adhérence de la colle et de la couvrure.
Fendu : lorsque le dos n’est plus solidaire des plats de la reliure, apparaissent des fendillements, les mors sont fendus.
La couverture est dite remboitée lorsque les cahiers, devenus trop lâches, ont été recollés à la couverture, ou lorsque la couverture a été changée.
Reliure de bibliothèque : la bibliothèque, ancien propriétaire du livre, avait renforcé la couverture.
4. La déformation du papier
L’allongement du papier : les fibres du papier sont sensibles au degré hygrométrique de l’atmosphère. Si celui-ci dépasse les 60% et que la température atteint 20°, cette humidité provoque l’allongement des fibres de cellulose, et déforme la feuille de papier.
Le frisage est l’allongement des fibres se manifestent d’abord sur les bords et en sens travers de la page.
Lorsque le gondolage est situé au milieu de la feuille, on dit que le papier poche. Le gondolage peut également provenir d’accidents lors de mauvaises manipulations.
Le tuilage est la déformation de toute la feuille qui se recourbe.
Les faux plis sont constatés dans un cahier dus à un mauvais réglage de la plieuse ou à un papier instable, de mauvaise tenue.
Les déchirures sont fréquentes quand le papier est ancien et que l’ouvrage a été maintes fois manipulé.
Corné : le coin de la page est plié.
Ecorné : c’est le terme employé lorsque des petits morceaux de papier sont manquants sur la tranche.
Cassant : le papier peut être cassant quand il est ancien, de mauvaise qualité, surtout pour les éditions populaires, comme celui du « papier de guerre » utilisé dans les années 1940.
5. Les défauts d’assemblage des cahiers
Cahiers non coupés ou non découronnés : les bords des feuillets n’ont pas été rognés. Par conséquent, les pages n’ont pas été séparées l’une de l’autre. Cela peut ne pas être un défaut d’assemblage, mais une volonté, surtout pour les livres anciens, que le lecteur les ouvre lui-même avec un coupe-papier. Le libraire vendait de tels cahiers car le client voulait choisir sa reliure personnalisée.
Barbe de coupe : ce sont des fibres de papier irrégulières entourant la feuille de papier, surtout si le papier a été fabriqué à la main, apparaissant au moment de la coupe au massicot. Les bords sont frangés. Les barbes de coupe sont signes de qualité. Le relieur peut se contenter de les égaliser. C’est l’ébarbage.
Cahiers déréglés : les cahiers ne sont plus solidaires les uns avec les autres, lorsque le fil de couture est devenu lâche ou la colle ne tient plus l’ensemble.
6. Les tâches du papier
Foulage : ce défaut d’impression est l’empreinte laissée par la presse typographique au verso du papier, à cause d’une trop forte pression.
Tanné : suite à une trop forte exposition à la lumière, les pages ont pris une couleur tannée, et l’impression de l’encre s’est ternie.
Ombre : lorsqu’une page du livre ou de sa couverture a été réparée avec un ruban adhésif, et en cas de disparition de celui-ci, une trace, appelée ombre, est laissée sur le papier, due à une réaction chimique entre le scotch et la feuille.
Salissures : ces tâches proviennent de la manipulation.
Tâches d’humidité ou mouillures : ces auréoles ont été causées par le contact du papier avec l’eau ou de la nourriture. Elles sont plus ou moins claires. Lorsqu’elles n’affectent pas le texte, cela signifie qu’elles n’ont pas touchées l’encre.
Oxydation métallique et brunissures : on fabriquait le papier avec une pâte à base de chiffons déchiquetés et broyés par des maillets ornés de clous, d’où la présence de particules de métal dans le papier. Au contact de l’humidité ambiante, par réaction chimique, ces particules de métal se sont oxydées pour former des tâches qui n’apparaissent que d’un côté du papier, de forme régulière, appelé piqûres.
Acidité et rousseurs : au cours du XIXe siècle, la pâte de chiffon est remplacée progressivement par la pâte de bois additionnée de colles et de nombreux acides. Pendant très longtemps aussi, les papetiers ont utilisé du chlore pour blanchir leurs pâtes. L’eau présente dans le papier, en réaction avec le gaz carbonique contenu dans l’air ambiant, crée de l’acide carbonique. Cette acidité, au contact de l’air, la lumière et l’humidité, engendre un jaunissement et a un résultat inexorable sur la durabilité du papier.
On trouve souvent ces rousseurs jaunâtres ou brunâtres, plus ou moins claires, sur les papiers et illustrations du XIXe siècle gravées sur acier. La rousseur peut avoir transpercé le papier et se retrouve sur les deux côtés de la feuille. Elle est de forme irrégulière, et forme un nuage.
Ces tâches sont souvent apparentes sur les premières et dernières pages du livre qui sont proches du carton de la couverture. Le contact du carton acide avec le papier acide accentuerait la dégradation des fibres du papier.
Les rousseurs sont appelées éparses quand elles sont dissimulées à travers toutes les pages. Elles sont dites sans excès, s’il y en a peu, rares, pâles si elles sont jaunes, fortes ou prononcées si elles sont brunes, petites ou grandes selon leur taille.
Moisissures : ce sont des champignons papyricoles apparaissant en présence de l’humidité et le mauvais stockage. Ils laissent des traces noires ou violacées. Les psoques ou poux des livres sont de minuscules insectes qui infestent les livres et le papier qui se nourrit des moisissures microscopiques.
Insectes bibliophages : ce sont ceux qui mangent les livres, et creusent des galeries, telles que les vrillettes.
Aujourd’hui, toutes ces tâches ou piqûres peuvent être appelées « foxing ».
Lisez aussi mon article sur le vocabulaire du libraire concernant la description et la fabrication du livre : https://www.alarecherchedutempsperdu.fr/content/7-glossaire-du-libraire-description-du-livre-ancien